Lever les yeux par Grégory Baudouin

Le pas semblait peu assuré. Elle venait de sortir de la voiture. Immédiatement, elle s’allumât une clope. Je regardais son visage et son corps. Si celui-ci, habillé, semblait pouvoir donner quelques attirances, son visage, quant à lui, démontrait une fatigue, une souffrance, avoir prématurément vieilli, et son corps, en fait, devait être à l’envie.

Il est bon parfois d’observer autour de soi, et au-dessus de soi. Déjà qu’auparavant, nous avions tendance à regarder nos pieds en marchant, maintenant beaucoup de visages sont orientés vers le bas. Non plus à regarder des pieds, mais un portable. J’ai même vu dernièrement, un gamin, monter sur un overboard*. J’étais à la fois atterré et sidéré. Ce gamin ne pouvait plus, ne serait-ce que marcher, et tout en se mouvant il se devait de rester connecté. J’eus comme une brusque envie de mettre un coup de volant, que je ne fis pas, afin de lui faire peur, le faire tomber de sa planche à roulette (les nôtres à son âge étaient physiques, sportives, et les meilleurs tombaient les filles comme des mouches). J’avais envie de le mettre dans le taxi, l’amener sur un parcours du combattant, ou le parcours PAPA (parcours de course de fond avec des éléments physique à faire). J’avais envie de lui mettre des claques et le faire courir. Pauvre gosse, si jeune et déjà si peu de volonté.

Lever les yeux dans la rue. Cela permet de voir une allée que l’on prend tous les jours différemment. Essayer, ne serait-ce qu’une fois, de marcher dans une rue que vous arpentez tous les jours, ou à tout le moins régulièrement, de lever les yeux, vous la verrez différemment. Vous y découvrirez des choses que vous n’avez jamais vues, que vous n’auriez même jamais soupçonnées, et parfois vous y verrez, y entrapercevrez d’agréables surprises.

Lever les yeux dans la campagne. Pendre le temps de se coucher dans l’herbe et de regarder dans le ciel. Vous y verrez des nuages, un ciel bleu, des oiseaux, des trainées d’avions, des avions, des ovnis... Pour peu que vous ne soyez pas seul, cela pourrait vous rendre l’âme bucolique.

On a donc tout avantage à lever les yeux. Que ce soit dans sa rue ou à la campagne. Il serait nécessaire aussi de le faire au travail. Ne pas toujours avoir la tête dans le guidon. Là aussi, on y voit ses collègues, ou sa hiérarchie différemment. Votre vie peut en être bouleversée.

Sans le savoir on utilise alors un des plus beau sens que nous ai donné la vie : « la vue ». On voit la vie différemment. Par la vue, on peut sentir la vie différemment. Par la vue, on peut lire et s’évader, mais pour tout cela, il faut lever les yeux de son smartphone.

Par le ciel, partout, pour tous, avec vigilance et persévérance, l’heure du repos n’est pas arrivée. Que la Force soit avec vous, Salut et Fraternité.

*planche à roulette propulsée par un moteur électrique, qui avance selon l’inclinaison du corps, et tourne selon le léger mouvement donné aux jambes.