Et Rover chante « some needs » par Grégory Baudouin

Et Rover déroulait « some needs ». Je roulais à vive allure afin d’aller chercher mon patient. La route défilait de chaque côté de ma Mondéo. J’étais dans un état second, comme transporté, et par la Mondéo, et par Rover. Je sentais toute l’influence de David BOWIE, période Space Oddity. Je sentais bien la route, je sentais bien Taco (un Taco, c’est un Taxi). Je repensais aux paroles de Maman : « si on enlève le volant à ton père, on lui enlève un bras ». Je suis en tout point comme mon papa, qui se bat contre un putain de crabe. Putain de maladie. J’aime à être dans mon taco, écouter la radio qui diffuse le blabla de France Inter toute la journée, m’arrêter par moment pour me plonger dans un livre, et accessoirement transporter des patients et des clients. Paradoxalement, c’est à la fois un métier de contact et un métier solitaire.

C’est pourquoi j’écoute peu de musique en roulant seul, auquel cas, on gamberge. On repense à sa vie. A ce qu’on a fait, ce qu’on fait, ce qu’on n’a pas fait, ce qu’on ne fait pas, ce qu’on aurait pu faire… Selon le cas, on est soit triste, soit plein d’allégresse. On repense à sa famille. On prend conscience qu’on est l’enfant de ses parents, et qu’arrive un moment par amour, par sens des responsabilités, on se doit de prendre en charge ses parents. Les rôles s’inversent quelque part. Mais on le fait, sans se poser de question. Dans le cas de ma famille, les choses n’ont pas toujours été faciles dans certains domaines, mais il y a tant d’amour, que c’est naturel, comme un juste retour des choses.

On pense au passé, et on ose envisager l’avenir. Ce moment qui arrivera fatalement où l’on perd une jambe, un appui, avec le départ de l’un de ses parents, et ce moment où l’on devient orphelin. On repense au passé, à l’enfance, ce moment béni des dieux, où rien n’avait d’importance que son papa, sa maman, jouer, dormir, faire des câlins, et faire des bêtises. Hélas, il n’existe pas de machine à remonter le temps, et c’est peut être tant mieux. Alors, il faut aller de l’avant malgré tout, malgré les épreuves... Ne plus penser à soi, mais être soi- même parent, et faire passer ses enfants avant tout. Je n’aurai jamais cru que le métier de père, le métier de mère, sûrement, bref, le métier de parent, soit le plus dur des métiers. Mais il n’existe aucune école, outre celle de la vie, pour devenir un bon père.

Alors, on se lève le matin, parfois il fait nuit quand on part, ou il fait nuit quand on revient, ou  on a face à nous l’ingratitude de l’adolescence pour seul miroir à notre retour, mais on fait avec. On se dit que c’est normal. On se remémore et on se dit qu’on y est passé aussi. Et somme toute qu’on y est bien passé. Alors on reprend la route au sens propre ou au sens figuré. Et j’écoute Rover dérouler « some needs ». Je roule à vive allure afin d’aller chercher mon patient. La route défile de chaque côté de ma Mondéo. Je suis dans un état second, comme transporté, et par la Mondéo, et par Rover. Je sens toute l’influence de David BOWIE, période Space Oddity. Je sens bien la route, je sens bien Taco. Et Rover chante « some needs ».

Par le ciel, partout, pour tous, avec vigilance et persévérance, l’heure du repos n’est pas arrivée. Que le Force soit avec vous, Salut et Fraternité.

Rover « some needs » :

https://www.youtube.com/watch?v=odfWhNVYBko