La nature et la mort par Grégory Baudouin

Je n’ai appris que tard ce qui s’est passé en France dans le sud ce week-end. Un bilan à cette heure de 17 personnes décédées, et de 4 disparues qui rejoindront très certainement la liste des regrettées. Tout ça c’est beaucoup pour sauver une bagnole. Oui, c’est important, oui c’est cher et moi qui suis taxi je peux le dire d’autant plus ; mais est-ce que cela vaut la mort ?

J’ai vu ces images des flots qui descendaient comme des rapides dans des parkings souterrains. J’ai vu ces voitures qui sortaient avec diligence des souterrains, et la bêtise des journalistes qui pour avoir des images avaient pénétré dans les dits parkings pour avoir des images de l’intérieur. J’avoue que ces images m’ont marquées, et cette nuit, j’ai rêvé la mort de ces gens coincés sous terre dans le noir et qui se sont vu mourir.

L’argent rend con. Quand on en a pas afin de conserver le peu qu’on a ; quand on en a trop afin d’en avoir encore plus. Il semblerait que l’aménagement de l’arrière-pays du littoral se soit fait en dépit du bon sens, de façon totalement anarchique, avec un seul souci, non pas celui de la sécurité mais celui de l’appât du gain. Les morts sont immatériels dans ce cas. Ils ne sont pas proches, ce ne sont pas des proches alors on s’en fout, et de toutes façons il y aura bien des lampistes. Les chaines de responsabilités sont aujourd’hui complétement alambiquées et faussées, comme la chaine des priorités est complétement inversée.

D’aucuns, politique de droite et de gÔche, se précipitaient déjà sur les plateaux hier pour trainer dans la boue-si j’ose dire-le gouvernement. «Yzavéka déclencher le plan rouge au lieu du plan orange ». Bien facile à dire. Que n’ont-ils fait quand eux même étaient en responsabilité ? On peut toujours tenter de prévoir, mais face à la nature… celle-ci reprendra toujours ses droits et l’homme dans ce cas reviendra toujours au niveau qui est le sien, un pion, un élément parmi les éléments et bien plus vulnérable qu’il ne croit. On peut essayer de prévoir, mais il ne faut pas se croire supérieur quand la nature déclenche ses foudres. On peut prévoir ? Comme les animaux qui fuient, le silence qui s’en suit avant l’orage, le séisme, le tsunami, car eux sentent encore c’est choses. L’homme est un animal dit on mais ça fait longtemps qu’il a perdu ses sens, y compris le sens de l’humour pour ne garder que le sens de l’appât. Il se veut prédateur. Il va tuer des hommes, et pas toujours au sens figuré, pour amasser ; mais quand la nature se rappelle à lui, rentier ou ouvrier, chaque homme est égal devant la mort. 

Par le ciel, partout, pour tous, avec vigilance et persévérance, l’heure du repos n’est pas arrivée. Que le Force soit avec vous, Salut et Fraternité.